Une secte sous l'oeil de Carlos Reygadas

Selection officielle

Originaire du Mexique et avocat de formation, Carlos Reygadas s'est hissé à la vitesse de la foudre au rang des auteurs les plus audacieux et les plus lyriques du cinéma mondial. Deux films magnifiques y auront suffi, Japon (présenté en 2002 à la Quinzaine des réalisateurs) et Bataille dans le ciel (promu en compétition officielle en 2005).

Son cinéma, follement inspiré, fait de la virtuosité esthétique une arme qui célèbre les damnés de la Terre, en même temps qu'un instrument qui prend fait et cause pour l'irréductible altérité des hommes et de l'art.

Dans ce sillage, Stellet Licht (Lumière silencieuse) nous mène au nord du Mexique, dans l'Etat de Chihuahua, parmi une communauté de mennonites, secte protestante proche des anabaptistes, née au XVIe siècle en Europe du Nord, et qui compte aujourd'hui plus d'un million de croyants répartis dans le monde.

C'est moins à la découverte ethnologique que nous invite ce film qu'à la célébration poétique d'une passion universelle dans un cadre dont l'austérité en aiguise la problématique morale. Johan, marié et père de six enfants, entretient au vu et au su de tous une liaison extraconjugale avec Marianne, qui met à mal les divers protagonistes de ce drame, à commencer par sa femme, Esther.

Laconique et somptueux, tourné en plans-séquences infinis et avec des acteurs non professionnels, le film semble convoquer les ombres de Carl Dreyer et Robert Bresson pour les irradier à la lumière aveuglante de l'hémisphère Sud ou les dissoudre sous les torrents d'une pluie diluvienne.

En un certain sens, tout l'enjeu de Stellet Licht réside dans cette rencontre entre le frémissement panthéiste qui fonde la croyance dans le cinéma de Reygadas et cette communauté chrétienne ébranlée dans sa foi.

Mais ce dessein l'emporte trop ostensiblement sur la narration, de même que l'amour du geste cinématographique semble ici s'exprimer au détriment des personnages. Reste un film majestueux, paradoxalement déserté par la grâce, ce miracle de l'esprit mais aussi de la chair qu'il prétend atteindre.

Jacques Mandelbaum

miam. J'avais adoré "Japòn"

powerduo a écrit:

Selection officielle

Originaire du Mexique et avocat de formation, Carlos Reygadas s'est hissé à la vitesse de la foudre au rang des auteurs les plus audacieux et les plus lyriques du cinéma mondial. Deux films magnifiques y auront suffi, Japon (présenté en 2002 à la Quinzaine des réalisateurs) et Bataille dans le ciel (promu en compétition officielle en 2005).

Son cinéma, follement inspiré, fait de la virtuosité esthétique une arme qui célèbre les damnés de la Terre, en même temps qu'un instrument qui prend fait et cause pour l'irréductible altérité des hommes et de l'art.

Dans ce sillage, Stellet Licht (Lumière silencieuse) nous mène au nord du Mexique, dans l'Etat de Chihuahua, parmi une communauté de mennonites, secte protestante proche des anabaptistes, née au XVIe siècle en Europe du Nord, et qui compte aujourd'hui plus d'un million de croyants répartis dans le monde.

C'est moins à la découverte ethnologique que nous invite ce film qu'à la célébration poétique d'une passion universelle dans un cadre dont l'austérité en aiguise la problématique morale. Johan, marié et père de six enfants, entretient au vu et au su de tous une liaison extraconjugale avec Marianne, qui met à mal les divers protagonistes de ce drame, à commencer par sa femme, Esther.

Laconique et somptueux, tourné en plans-séquences infinis et avec des acteurs non professionnels, le film semble convoquer les ombres de Carl Dreyer et Robert Bresson pour les irradier à la lumière aveuglante de l'hémisphère Sud ou les dissoudre sous les torrents d'une pluie diluvienne.

En un certain sens, tout l'enjeu de Stellet Licht réside dans cette rencontre entre le frémissement panthéiste qui fonde la croyance dans le cinéma de Reygadas et cette communauté chrétienne ébranlée dans sa foi.

Mais ce dessein l'emporte trop ostensiblement sur la narration, de même que l'amour du geste cinématographique semble ici s'exprimer au détriment des personnages. Reste un film majestueux, paradoxalement déserté par la grâce, ce miracle de l'esprit mais aussi de la chair qu'il prétend atteindre.

Jacques Mandelbaum

Ca a l'air énorme ce truc, merci Power